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Photo du rédacteurElizabeth Boccara Bright

Tu seras un ami, mon fils


Sasha,


Comment t'apprendre à être un bon ami ? Loyal, mais pas victime. Présent, mais pas étouffant.

Généreux, mais pas idiot. Je ne sais pas si je suis un bon exemple. J'ai du décevoir autant que j'ai été déçue, puisque je pars du principe qu'on choisit ses amis, qu'on choisit de vivre des amitiés douloureuses ou des amitiés souriantes et durables.

Je n'ai pas beaucoup d'amis. Deux ou trois doigts d'une main sont sans doute suffisants. J'ai souvent pensé que c'était pour la vie. Mais un mariage d'amitié est souvent plus coriace qu'un mariage d'amour.

On parle toujours d'amour...L'amour, l'amour... Mais combien d'amis se sont brisés le coeur? Combien d'amis se sont trompés sur l'autre? Combien furent infidèles? Menteurs? Hypocrites?

Radins ? Egoïstes? Décevants? Faux-semblants?


Je pense avoir trop donné. En temps, en paroles, en actes, en argent, en énergie, en transparence - pensant recevoir la même en retour- et surtout en Amour. J'ai pas su doser. Je voulais trop donner et trop recevoir. Recevoir démesurément. Je tendais la main souvent pour arracher celle que j'attendais que l'on me tende en retour.

Mais tu sais chéri, les gens pensent d'abord à eux. Trop difficile de s'excuser, trop compliqué de se remettre en question. Trop dur de demander pardon. Trop gros d'aider, d'aider véritablement, avec la noblesse du coeur, d'admettre et d'avouer dans un murmure "Oui, mon amie, là tu as raison, je te demande pardon, je n'aurais pas du laisser faire cela".


Sasha, par dessus tout j'aimerais t'apprendre la mesure des choses. Le dosage en amitié. Je te souhaite de trouver des amis qui te soutiennent quand tu vas mal évidemment, mais qui surtout sont heureux pour toi, sourissent à ton bonheur, te prennent comme exemple, comme modèle. Jamais ne te jalousent, jamais ne t'envient. Oh et puis merde. Non, pas de dosage. Je te souhaite d'aimer tes amis à l'infini. D'aimer comme j'aime le monde:Démesurément. Exagérément. Tant pis pour les claques, chéri. Je serai là pour déposer la paume de ma main sur ta joue écarlate et blessée. Je serai là pour gueuler un bon coup sur les petits cons qui te trahissent, leur souhaiter la Malavita, et puis m'excuser et te dire que rien ne vaut la peine de pleurer. Rien n'est grave mon coeur, tout est important.


Je souhaite t'apprendre qu'il faut aimer comme tu t'aimes. Avec tendresse, bienveillance et grâce. Je te supplie de prendre tes amis comme des exemples, des maitres qui t'enseigneront les choses de la Vie. Tantôt disciple, tantôt maitre à ton tour pour apprendre à ton ami à s'élever comme il t'élèvera. Je t'apprendrai à te méfier des choses dites et chuchotées, et de la réalité, trop souvent déformée par les fantasmes et les jalousies destructrices des uns et des autres. Trop souvent j'ai voulu faire comme un ami, avant de réaliser qu'il ne faisait rien de ce qu'il prétendait faire, ou être.

Tu aideras sans penser à toi, sans penser à l'autre, mais en pensant à VOUS, conjointement, au pluriel: au bien-être éprouvé par deux humains qui ont su s'aider, se nourrir, se comprendre. Tu seras un bel ami.

Qui agit au gré de son coeur, de son intuition, de son instinct d'homme du nouveau monde.

Sans armes, sans haine, sans rancune.


Mon petit bonhomme, je te souhaite de trouver des amis fidèles comme le chien, bienveillants comme tes parents, drôles comme Eli Kakou, généreux comme la vie,

et extra-ordinaires,

comme toi.


Tu es mon Ami pour l'éternité.

Maman

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