Quand je t'ai mis au monde, je me suis fait un joli cadeau. J'ai mis au monde un monde nouveau. Le monde de demain. Parce que tu es l'avenir. Tu as posé sur ma vie un regard neuf. Tu m'a donné de la hauteur. Et parfois encore, je reste tourmentée.
Comment t'aimer. Comment t'éduquer. Comment t'approcher. Il est difficile de t'élever, mon amour.
Il est difficile de te faire comprendre les choses. Le oui. Le non. Le Pas maintenant.
Le Ecoute-moi s'il te plait. Le Je suis épuisée. "NON", c'est un mot bienveillant et bénéfique pour toi. Pour le moment tu l'ignores, mais un jour, tu comprendras.
Mais qu'importe, tu es le Monde de demain.
Nous n'avons pas peur du confinement toi & moi. Nous l'avons déjà vécu durant 9 mois ensemble, avant de nous rencontrer. Nous étions dans la même taule que j'avais construite seule à coups de sombres idées noires coulées dans mes croyances limitantes et mes chaudes larmes. Je nous avais emmurés dans une cellule, toute petite, un peu triste, juste toi et moi, pendant 9 longs mois durant lesquels je n'avais pas su t'adresser un signe d'encouragement, un sourire, un espoir de nous entendre et de coopérer ensemble.
Le confinement, c'est un jeu d'enfant pour nous. Ce qui risque de nous détruire nous, c'est la séparation. Parce que même s'il est difficile de t'éduquer, de t'endormir, de te nourrir comme je l'entends, je te préfère confiné contre mon coeur plutôt qu'ailleurs et loin de moi.
Tu es mon pays.
Etre confinée avec toi, c'est te regarder apprendre la Vie, découvrir ce qui t'entoure, et surprendre tes baisers, tes sourires, tes petites mains qui enlacent mon visage, et ton regard qui reflète les yeux d'une maman qui tantôt s'excuse, tantôt s'impatiente, tantôt voudrait te décrocher la Lune. Quand je te rends à ton père, il m'arrive de pleurer, accrochée au volant de ma voiture comme une huitre à son rocher, pour ne pas décrocher de la triste réalité qui m'entoure, pour ne pas craquer. Tantôt coupable de me sentir soulagée de te laisser quelques heures pour me reposer et reprendre des forces, tantôt coupable tout court de ne plus t'avoir à mes côtés. Coupable ou coupable. Culpabilité 2.0. Culpabilité marketable qui fait vendre. Qui me fait acheter des livres, des fringues, des objets pour m'occuper autrement. pour me sentir mieux. Maman 2.0 qui culpabilise en 5G.
Tu es le monde de maintenant. J'apprends à t'aimer, à t'encourager, à te considérer, à t'estimer. J'apprends aussi à te disputer, à te mettre une petite fessée quand tu dépasses les bornes. Et j'apprends surtout à emmerder ceux que cela dérangent. Je connais les ingrédients d'une éducation juste et bienveillante. Je sais ce qui est bon pour toi. Je ne l'explique pas, mais je le sais. Et je reste humble devant cela. Toujours enseignable. Le monde de demain, ça se construit, ça se chouchoute, ça se forge.
Tu es le monde de demain. Notre confinement à nous a des odeurs de canelle, de lait de riz à la vanille, de perles de rosée sur les feuilles du jardin. Notre confinement a des couleurs de pâte à modeler, de crayons de couleurs pastel, de calins dans le noir et de bagarres sous la couette. Notre confinement chante et danse sur des airs d'Henri Dès. Il nous apprend le calme, l'attente, la méditation intérieure, l'humilité face aux choses de la vie. Et ce confinement te donnera des clefs pour être un monde meilleur, un monde de demain qui respire, qui se renouvelle, qui se tranforme.
Tu es le Monde de demain Sasha.
Tu fais lever le Soleil, même quand il flotte.
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