Sasha,
C'est tellement boulversant de t'attendre, de t'avoir, de t'imaginer. C'est quelque chose qui atomise le coeur et l'âme, qui change les couleurs de la Vie, qui remue les viscères. Il y a tant de larmes qui ont coulé depuis que tu es là. Celles du matin, quand je t'attends en ecoutant de la musique, en associant peu à peu chaque note, chaque accord, chaque parole à ce que nous vivons tous les deux. A ce qui nous lie, et nous delie déjà. Cela ressemble à des larmes de chagrin mais en realité elles cachent un bonheur presque insupportable tant il est unique, précieux & finalement encore inconnu.
Il y a les larmes nocturnes, les plus vicieuses, celles qui surprennent et ensorcellent le coeur et l'esprit comme des ronces et des épines vénéneuses. Celles qui me font sangloter sous la couette, renifler silencieusement pour ne pas réveiller celui qui partage ma vie. Celles là, je ne les aime pas, je ne les controle pas. Je retombe en enfance, j'ai peur des monstres sous le lit, des grandes personnes, du monde tout entier.
Chaque cellule de mon corps s'infecte de chagrin, de peur & de souffrance, du débordement affectif et emotionnel, de la sensation de mal faire, de ne pas assurer dans l'avenir, de te décevoir, de me décevoir. Cette peur complètement incontrolable de devoir admettre à l'evidence que je serai pour toujours responsable de ton être, que je serai ton guide et que jamais tu ne devras emprunter des chemins qui pourraient assombrir ton coeur et ton âme.
Il existe enfin ces petites larmes que souvent je fais couler dans ma salle de bain, quand je me lave comme pour évacuer le trop plein d'angoisses et de douleurs physiques que je suis seule à me fabriquer.
Que connaitras tu dans cette vie?
L'intelligence artificielle? La sixieme république? Une revolution? Les voitures volantes et le veganisme à echelle mondiale?
Avant que je disparaisse de ce monde, je voudrais t'apprendre à chanter comme Maurane, à jouer la comedie comme Luchini, à courir aussi vite que l'eclair, à gouter au chocolat chaud de chez Cazenave à Bayonne,à t'attacher et à aimer un animal aussi fort qu'on aime un être humain.
Avant de partir, j'aimerais que tu lises Zola, Rimbaud, Hugo et tant d'autres...Que tu danses toute la nuit sur ce que les hommes ont fait de mieux en musique.
Je voudrais passer des nuits à la belle étoile avec toi, et te rassurer en t'expliquant que même les araignées,les ogres, les ours ont ,eux aussi, besoin d'Amour. Je voudrais que tout comme moi tu croies aux fées,à la magie blanche, aux gentils fantomes,à la vie aprés la vie pour que toujours nous puissions nous parler, même dans l'au delà.
Je voudrais connaitre ta plume, recevoir des cartes postales de tes voyages, des lettres parfumées de ton odeur de petit garcon. Je voudrais que nous puissions sauter dans les flaques d'eau et s'en foutre partout, et manger de la brioche chaude avec une tasse de thé devant ton film preferé que tu auras dejà vu 1000 fois. Sentir ta peau, plonger mon regard dans le tien, ne jamais lacher ta petite main, et t'aimer avec toutes les forces du monde.
Parfois je voudrais bien te dire que j'aimerais que tu apprennes à pleurer, à t'abandonner completement, sans honte aucune. Que tu ne fasses pas la guerre à la Vie, que tu ne te dises jamais parfait. Que tu ne cherches pas à conquerir, mais simplement à être heureux, à ta maniere.
Mais je ne suis qu'un guide spirituel pour toi: tu seras ce que tu dois être.
Je t'imagine déjà amoureux, déjà en citoyen du monde, déjà adulte, déjà parti.
Parce que jamais tu ne m'appartiendras, tu seras simplement celui qui aura marqué le début de ma vie ici,et celui à qui j'aurais offert son premier souffle. Aimons nous toujours,ne nous possédons jamais.
Pas un autre, aucun autre ne te ressemble.
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