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Photo du rédacteurElizabeth Boccara Bright

Sasha, Letre VII- Ce jour là.

26 Septembre 2018


Je suis un peu morte. Quelque part, entre les derniers rayons du soleil et les neons artificels du bloc, j'ai perdu la vie. Les secondes ont été suspendues, j'ignore pour combien de temps, plus rien n'existait, plus rien n'était. Même pas nous, même pas eux,plus rien je te dis.

Et puis je suis née,une seconde fois. Entre mes yeux noyés de larmes et mon corps ouvert en deux dans sa chair,tu es apparu.

Personne ne parlait, le temps s'est soudainement suspendu au vide, j'ai cru etre tombée dans un trou noir sans fond, et chaque seconde dura un siecle, en attendant de t'entendre enfin crier,respirer, vivre.

Ta peau bleutée a repris peu à peu une teinte rose poudrée, celle des petites poupées en porcelaine que l'on trouve dans les magasins de jouets anciens. On t'a retirée ce collier de chair qui tournait deux fois autour de ton petit cou,et j'admets ne pas avoir realisé de suite qu'à quelques heures prés, je t'aurais perdu à tout jamais.

Que c'est il passé? Pourquoi a t il fallu que cela se termine de la sorte?

L'aneantissement est si grand, l'isolement si percutant et douloureux, l'absence de toute logique fait si mal tu sais. Personne ne m'a rien dit. Pourquoi personne ne dit rien?

Pourquoi on nous cache tout, tant que ne le vit pas? J'aurais aimé etre preparée, jaurais aimé te demander pardon et apprendre à me pardonner moi même de mes erreurs commises en t'attendant. J'aurais aimé qu'on me caresse les cheveux, qu'on m'embrasse le front, qu'on me rassure, qu'on me dise que j'ai fait du bon boulot et que tout va rentrer dans l'ordre. Et c'est tout cela que l'on m'a fait, mais ca ne suffisait pas encore, et ca ne suffira jamais.

Je sais maintenant que tu es venu en urgence parce que moi, j'avais trop peur de te rencontrer. Je n'etais pas prete, et sans ton courage et ton aide, je n'aurais jamais fait le premier pas vers toi... je me donnais cette apparente confiance en moi , " ca y est, je veux accoucher,je suis prete" alors qu'en realité la peur faisait de moi un poupée de chiffons, incapable d'aller au front, incapable de t'accueillir, incapable de changer de vie. Alors, tu t'es mis en danger, pour venir à moi. Et moi j'ai mis du temps à le comprendre, mais si j'avais su, j'aurais donné ma vie pour que tu respires et que tout danger soit enfin ecarté.

Aujourd'hui, les larmes se tarissent, les chairs se referment, l'amour grandit, on apprend à se connaitre, on se découvre, etonné du regard de l'autre. Ta peau, ton souffle, tes yeux gris perle, ta voix que je reconnaitrai entre mille, ton odeur d'amande douce.

Tu es mon heros.

Tu es mon petit garcon.

Tu es mon sauveur.

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