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Photo du rédacteurElizabeth Boccara Bright

Le 4éme trimestre.

30 Septembre 2018


Tu ne sais pas. Tu ignores tout avant de l'avoir vécu. Moi aussi, j'étais de celles qui se pensaient au dessus de l'orage, en sécurité.Moi aussi, je me sentais capable de surmonter le changement, la solitude, les hormones, le chagrin. Je dois être une sacrée lâche, ou une incapable. Je pense être peut être même pire que la moyenne. La vérité, c'est que personne ne nous prépare à ce qui nous attend quand on devient mère.

Personne ne nous dit qu'on ne trouvera pas toujours le temps de manger, qu'on prendra notre premier repas de la journée à 14h, notre douche à 23h, alors qu'on est debout depuis 5h.

Personne ne nous dit que les montées de lait sont douloureuses, qu'un bébé veut les bras de sa mere H24,sans aucune interruption, qu'il ne dort surement pas 20heures sur 24, mais plutot quelques demi heures par ci par là pendant lesquelles le temps est compté et ta vie devient un épisode de 24Hchrono où tu t'organises pour prendre ta douche-lancer une lessive,passer l'appi-ranger le salon-refaire du liniment-sortir ton chien-caresser ton chien-boire un verre d'eau-pleurer. Tout ca en 30minutes. Et aprés, tout recommence. La même rengaine.

Et tu culpabilises de ne pas aimer cette vie. Le cercle vicieux. Le serpent qui se mord la queue. Le trou sans fond.

La fatigue qui creuse le visage, noirci le regard, exacerbe la colère et le chagrin, grignote la patience et anéanti toute envie d'aller mieux ,de comprendre, de reflechir, d'aller au delà, de prendre sur soi.

Se promener en pleine nuit en culotte de la cuisine à la chambre, de la chambre à la terrasse, se remémorant sa vie d'avant et se répétant sans cesse "c'était pas mieux, c'était different, c'etait pas mieux, juste different". Tout ca en attendant le divin ROT qui n'arrive jamais et qui te fait un gros doigt d'honneur du genre "T'es pas prête de dormir ma grande je vais encore rester au chaud dans la poitrine de ton gosse pendant une bonne demi heure". Tu voudrais l'aide du monde entier, mais, soyons honnêtes, le reste du monde se fout royalement des jeunes mères inconsolables en culotte au milieu de leur salon en pleine nuit.

Ne pas comprendre les pleurs de son bébé alors qu'il est changé,nourri,blanchi,tout est OK, et finir par admettre qu'il pleure parce qu'il vous sait malheureuse, qu'il refuse de dormir de la journée parce qu'il nous veut pas vous laisser seule dans votre desespoir et votre solitude à deux.

Se sentir seule, terriblement seule, comme une gamine oubliée sur le bord de la route. L'isolement.

Ce putain d'enormissime isolement qui me donne envie de disparaitre, de faire ma valise et de tout quitter. Pourquoi personne ne nous dit? Solitude extreme, non choisie, imposée, pendant que le reste du monde danse, boit et baise.

Non, je ne savais pas que ca se passerait comme ca. Je n'étais pas prête. Je pensais même que celles qui se plaignaient étaient de petites natures fragiles, qui n'avaient jamais rien connu de pire que les couches sales et les régurgitations. J'avais terriblement tord. Encore une grande claque pour mon ego qui se ratatine de plus en plus depuis que tout a commencé.

Et, si vous vous posez la question du conjoint, même l'homme le plus présent au monde ne peut dissiper le vide abyssale qui reigne en vous. Alors imaginez celui qui n'est jamais là.

Je pourrais équilibrer la balance en vous parlant des bienfaits de la maternité, des joies d'avoir un bébé, du corps qui redevient VRAIMENT comme avant; mais aujourd'hui, je n'en ai pas envie du tout. Parce qu'aujourd'hui, rien n'aide à aller mieux.

Rien.

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